Troubles de la cognition : la mémoire en fait partie

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Quand on a une personne âgée à la maison, notre principale inquiétude se réfère à ses problèmes de mémoire, inévitables lorsqu’on vieillit. Mais savez-vous que la mémoire qui flanche n’est pas le seul point auquel on doit prêter attention. C’est l’ensemble de la cognition qu’on doit surveiller, car au final, la mémoire n’est qu’un petit domaine de la cognition. Voilà pourquoi les professionnels en gériatrie s’intéressent à tout ce qui a trait à la cognition lors des consultations pour problèmes de mémoire. En quoi cela consiste et qu’est-ce qui fait la différence ?

Pourquoi parle-t-on de trouble cognitif face à des troubles de mémoire ?

Pourquoi parle-t-on de trouble cognitif face à des troubles de mémoire ?

Beaucoup de seniors viennent consulter pour des troubles de mémoire. C’est un bon réflexe, mais pour comprendre pourquoi on leur donne toute une série de tests à chaque consultation au lieu de seulement leur prescrire des médicaments, il faut savoir faire la différence entre cognition et mémoire.

La mémoire c’est ce qui nous permet de nous rappeler de tout ce qui compose notre existence et de tout ce qu’on a appris. La cognition est bien plus large puisqu’elle regroupe toutes les activités psychologiques qui aident le cerveau à gérer toutes les connaissances. La mémoire en fait partie.

Pour aller plus loin, les fonctions cognitives (qui s’opposent aux fonctions émotionnelles) regroupent toutes les activités mentales qui permettent à l’être humain de percevoir les choses, de les comprendre, de leur donner un sens logique et d’interagir avec l’environnement qui l’entoure. Dans tout ce processus, avoir une bonne mémoire est indispensable, mais cela ne suffit pas pour entreprendre les choses que l’on vient de citer.

C’est la raison pour laquelle, en gériatrie, un trouble de mémoire donne toujours lieu à de nombreux tests. Le but n’est plus de comprendre seulement les raisons des problèmes de mémoire, mais de chercher d’autres troubles des fonctions cognitives qui pourraient avoir un lien avec. C’est ce qui va permettre aux professionnels de poser un diagnostic et de lancer le traitement adapté.

Quelles sont les fonctions cognitives testées ?

Quelles sont les fonctions cognitives testées ?

Chez les personnes âgées, les problèmes de mémoire sont courants et ils peuvent cacher d’autres troubles plus importants qu’il faut prendre en charge assez tôt. C’est le cas de la maladie d’Alzheimer, la maladie cognitive la plus fréquente. La perte de mémoire peut aussi être liée à d’autres démences comme la démence vasculaire. Ce n’est qu’une fois les tests réalisés et le diagnostic établi qu’on peut élaborer le meilleur traitement possible.

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Durant les examens, les professionnels s’intéressent à différentes facettes de la cognition dont les suivants.

Les fonctions exécutives

Elles se définissent par la capacité du cerveau à réfléchir. Cela implique sa capacité à se surveiller, à se corriger, à planifier, à traiter les informations et à prendre des décisions. On y fait appel face à chaque nouveauté et face à tout ce qui n’est pas automatisme et routine quotidiens. Notez que la consommation d’oméga 3 et de vitamine A favorise un bon vieillissement cérébral.

Par exemple, lorsqu’il faut se brosser les dents ou enfiler une chemise, cela fait partie de notre routine quotidienne donc on n’a pas à réfléchir. Les fonctions exécutives ne sont pas sollicitées. Par contre, lorsqu’on souhaite gagner aux échecs ou se rendre quelque part sans GPS, elles sont fortement sollicitées.

La capacité de réflexion sera alors testée pour s’assurer qu’à ce niveau, tout va encore bien ou si des troubles commencent à générer les pertes de mémoire. Plusieurs techniques permettent d’effectuer le test, mais la plus utilisée est le test de l’horloge. On demande aux patients de dessiner une horloge pour les pousser à réfléchir.

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L’attention complexe

Face à toutes les distractions et les technologies qui s’invitent dans notre environnement, on a de plus de plus de mal à rester concentré. Ainsi, quand une personne âgée est un peu distraite, on n’y prête pas souvent attention et on se dit même que sa mémoire lui joue encore des tours. Il est pourtant clair que sa mémoire n’a rien à y voir et ses problèmes de concentration peuvent avoir d’autres sources que les technologies. Voilà pourquoi les professionnels s’intéressent aussi à l’attention complexe.

Cette dernière se compose de :

  • L’attention soutenue : c’est ce qui nous permet de rester concentrer sur une même tâche pendant une durée assez longue.
  • L’attention divisée : c’est ce qui nous permet de faire plusieurs choses à la fois tout en restant concentré sur chacune de ces tâches. Cuisiner tout en regardant la télévision par exemple.
  • L’attention sélective : c’est ce qui nous permet de se focaliser sur une seule chose alors que d’autres stimuli concurrents règnent autour.

Pour tester ces différents points, les professionnels peuvent demander aux patients de faire des soustractions continues, de réciter les mois à l’envers ou de citer une série de nombres aléatoires à haute voix.

Ces tests permettent de confirmer ou de réfuter l’éventualité d’une démence vasculaire ou d’une démence à corps de Lewy. Ces deux maladies sont ce qui altère le plus l’attention complexe.

Pour information supplémentaire, la fleur de chanvre aide à améliorer la concentration.

La mémoire

Autre point d’intérêt durant l’analyse des fonctions cognitives : la mémoire. Comme on l’a expliqué plus haut, la mémoire n’est qu’une facette de la cognition, mais c’est celle qui inquiète le plus puisqu’elle a la faculté d’oublier. Les oublis fréquents et les pertes de mémoire sont d’ailleurs les raisons principales qui poussent les personnes âgées à consulter. Beaucoup de proches des seniors restent à l’affût du moindre oubli pour se décider à aller voir un professionnel.

Avant de s’affoler, il faut toutefois comprendre que la mémoire se divise en plusieurs types. Il y a :

  • La mémoire sémantique qui se réfère aux faits
  • La mémoire épisodique qui se réfère aux souvenirs du quotidien et aux évènements
  • La mémoire récente qui se réfère à tout ce qui est récent
  • La mémoire à long terme qui se réfère à l’ensemble de notre vécu

Notre capacité à mémoriser les choses se fait en trois temps. Il y a d’abord le processus d’encodage qui consiste à enregistrer l’information, le processus de stockage qui consiste à consolider l’information et la récupération de la mémoire qui consiste à aller rechercher l’information dans une partie du cerveau.

Les tests menés visent à déterminer quel type de mémoire est atteint et à quel stade. En cas de maladie d’Alzheimer par exemple, c’est souvent la mémoire épisodique récente qui est fortement atteinte et ce, à tous les stades (encodage, stockage et récupération). Une personne atteinte de cette démence n’arrive plus à se rappeler d’un souvenir même avec des indices. La raison est qu’elle ne pourra pas encoder (enregistrer) l’indice donnée et par voie de conséquence, elle n’arrivera pas à trouver le souvenir qui va avec.

Contrairement à cela, une personne qui souffre de démence vasculaire arrive à encoder l’information donnée et arrive à retrouver le souvenir qui va avec.

C’est donc à travers diverses méthodes que les gériatres vont pouvoir déterminer quel type de mémoire est affecté et à quel niveau. Cela les amène ensuite à une idée de diagnostic qui ne sera toutefois confirmé qu’une fois les autres fonctions cognitives analysées.

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Les habilités perceptivo-motrices

Cela concerne les habilités perceptuelles et les habilités motrices.

Dans le premier cas, on pense à notre capacité à reproduire ou à reconnaître des choses. Par exemple, au lieu de voir un gribouillis sur un dessin, on arrive à détecter qu’il s’agit d’un visage dessiné ou d’une forme géométrique précise.

Dans le second cas, on pense aux gestes du quotidien qu’on a assimilé comme le fait de se brosser les cheveux, de faire ses lacets, d’utiliser une télécommande ou d’utiliser un appareil électroménager.

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Les tests menés vont se concentrer sur ces petites habitudes qui nous permettent de comprendre notre environnement et d’adopter les bons gestes pour réaliser une tâche spécifique.

La détection de difficultés à réaliser ces différentes habilités que l’on maîtrisait pourtant très bien peut poser l’éventualité d’une démence à corps de Lewy. Parmi les premiers symptômes de cette maladie, il y a également les troubles au niveau des habiletés de perception visuelle.

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Le langage

La perte de la capacité langagière est aussi courante chez les personnes âgées. On appelle cela « aphasie » ou « sans paroles ». Cela se traduit par des difficultés à lire, à écrire, à répéter des mots ou des phrases. Elle évolue généralement de manière progressive.

Les malades d’Alzheimer en souffrent souvent, mais cette démence n’est pas la seule explication à cela. D’autres maladies cognitives peuvent également causer une aphasie. La personne perd, petit à petit, ses capacités à parler et à comprendre le sens des mots tout en conservant ses autres capacités cognitives.

La cognition sociale

Cela se définit par l’aptitude à se mettre à la place des autres et à reconnaître leurs émotions. Chez les personnes normales, il est facile de déceler les émotions sur les visages des autres et d’avoir de la sympathie ou de l’empathie.

Les personnes qui souffrent de démence frontotemporale, quant à elles, n’arrivent pas à déchiffrer l’expression que l’on lit parfaitement bien sur les visages. Durant les tests, on leur demande de deviner les émotions des personnes qu’elles peuvent voir sur des photos. Cela permet de poser le diagnostic.

Il faut souligner que lorsque cette sorte de démence est diagnostiquée chez une personne, cette dernière peut encore avoir une bonne mémoire et ses habilités perceptivo-motrices peuvent encore être intactes. Ces derniers ne commencent à flancher qu’au fur et à mesure que la maladie évolue.

Dans la majorité des cas, les professionnels accueillent les patients pour troubles de la mémoire. Leur premier reflexe sera d’analyser ladite mémoire pour écarter les démences qui peuvent y être liées (comme Alzheimer), mais ensuite, d’autres tests sur les autres fonctions cognitives seront menés. Avoir une bonne mutuelle santé permet d’obtenir une meilleure prise en charge.

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